Le livre Grossophobia est sorti il y a quelques mois mais mieux vaut tard que jamais. Vous pourrez le trouver sans peine et le lire en dégustant les nourritures roboratives de l’automne accompagnées d’un bon vin de Touraine. Consommer local et lire local. Joli programme.
Parce que oui, Chloé Chateau est née à Tours il y a 37 ans, Tours qu’elle a quittée plusieurs fois pour toujours y revenir. Malgré son jeune âge, elle avoue avoir eu plusieurs vies. Elle a suivi des études d’histoire validées par une licence et une maitrise avant de préparer un master pro de journaliste. On dirait bien que les ingrédients, histoire et écriture, sont réunis pour faire d’elle quelques années plus tard un écrivain.
Entre temps, Chloé aura beaucoup voyagé, vécu en Grande-Bretagne, à Paris. Fait effectivement du journalisme avant de s’en écarter d’une manière qu’elle qualifie d’un peu « abrupte ». La jeune femme a de la ressource et n’est jamais à court d’idées, s’avouant un peu impulsive. Elle ouvre donc un salon de thé britannique rue de la Sellerie à Tours où elle régale ses clients de thés fins et de gâteaux maisons. Après 3 ans de ce régime, elle ferme la boutique. Quelques mois de chômage s’ensuivent avant de retrouver le chemin de la presse et des rédactions.
Mais quand on déclare son amour de la langue française et de l’orthographe, difficile de résister à la tentation d’écrire SON livre. Bien sûr elle écrit des petites histoires depuis l’enfance mais la question qu’elle se pose c’est : « est-ce que je suis capable d’écrire un roman ? ».
Elle se lance le défi, s’enferme dans sa chambre deux semaines durant avec une bouilloire (indispensable pour le thé) et des amandes enrobées de chocolat (ça c’est juste pour le magnésium !). C’était en 2017, la trame du roman à paraitre est déjà là.
Chloé Chateau va peaufiner ce premier jet, en faire un roman construit et abouti, paru en autoédition. C’est GROSSOPHOBIA. Ou comment s’imposent soudain dans la société des normes physiques. Malheur à ceux qui verraient leur IMC (Indice de Masse Corporelle) s’envoler. Les voilà assignés à résidence. (Je précise que le roman a été écrit avant le premier confinement, mais que les faits vont faire écho à l’écriture).
L’héroïne, Lucrèce, trouve l’initiative gouvernementale plutôt bonne parce que (dixit) « les gros, c’est moche ». Évidemment elle n’est pas concernée. Belle fille, bien faite, bon job, bel appartement. Agaçante. Tout va bien pour elle. Jusqu’au jour où elle est rattrapée par son goût de la bonne chère et qu’elle se retrouve coincée entre ses quatre murs pour cause de formes trop généreuses aux yeux des fonctionnaires chargés de la pesée des citoyens.
Je n’en dirais pas plus mais vous l’aurez deviné, le livre se veut une critique sociale et politique. Le président est un anti héros. Lucrèce n’est pas absolument sympathique, obligée de se confronter au monde qui est le sien et dont pourtant elle se retrouve exclue.
La leçon de GROSSOPHOBIE, c’est bien de nous alerter sur les critères subjectifs qui régissent l’organisation de notre société. Bon appétit !
Merci beaucoup Sylvie pour ce très bel article ! 🙂 Chloé